Consignes :
Ecrire un rapport de visite à Prades et à Langeac (façon Kafka !), tout en retraversant les textes écrits précédemment.
Rapports :

Rapport de visite
Voyage à Prades et à Langeac
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Carnet de voyage
Carnet de voyage, c’est le sujet au cœur du voyage.
Qu’est-ce qu’un carnet, sa conception, son histoire, sa composition (croquis, aquarelles, écriture, photos).
Au départ, la biennale du carnet de voyage de Clermont : choc, révélation, stupéfaction, multitude, foisonnement. Rencontres d’artistes, ateliers.
Fabrication d’un carnet individuel : cinq jours.
Fabrication d’un carnet collectif : trois semaines.
Un pari inconscient, un jeu, un défi ?
Prades et Langeac
Deux lieux, deux ambiances, deux mondes.
Prades occupe une gorge encaissée. Langeac s’épanouit dans un bassin d’effondrement.
Au centre l’Allier : à Prades, presque un torrent, à Langeac une rivière large à la douceur trompeuse.
Prades, village de montagnes aux maisons de basalte serrées aux pieds des falaises, le long de l’Allier. Maisons vides occupées quelques mois de l’année.
Beauté ancestrale, authentique. Vestiges. Trace rude, austère, grilles, passages fermés, écoles fermées, cimetière ouvert, monument aux morts fleuri, monde fini assumé.
Langeac, bourg de plaine, aux rues tortueuses. Aux maisons fermées définitivement. Campagne repoussée. Triage inutile. HLM inutile. Mairie équivoque, luxe ostentatoire. Faire comme la grande ville. Sonne faux et creux. Fin d’un monde, angoisse de l’avenir, énergie du désespoir.
Les gens
Prades, des vieux, des vieux paysans. Langeac, des vieux, des ouvriers vieux, des anciens commerçants, des anciens fonctionnaires, des vieilles, beaucoup de vieilles.
Un bonheur : la rencontre de l’institutrice à Prades, échanges émouvants, nostalgie.
Tristesse de la vieille dame de Langeac qui n’a pas pu rester dans son village parce qu’elle ne conduisait pas.
Ce matin, fromages de vaches de Chanteuges vendus au marché de Langeac.
Navets, choux, carottes cultivés à Prades, vendus à Langeac la « citadine ».
Enseigne extraordinaire : kebab langeadois ! Un clin d’œil ? Du second degré ?
Peut-être un début de métissage amorcé par le ventre !
Toujours au marché, je photographie des fromages, parfaitement empilés. Pyramide ocre doux, odorante. Le vieux paysan qui avoue 82 ans rit, il se moque de moi et me fait la proposition coquine d’aller voir dans sa voiture, des photos prises à Brioude !!
Je croyais qu’on ne voyait ça que dans les quartiers mal famés de Marseille !
Encore une image d’Épinal qui s’efface.
Monde rural préservé, gentillesse naturelle, valeur morale, principes respectés : mon œil !!!
Axes de fer et d’eau
Deux lignes de passages, liens, lianes.
Le fer : la force, le génie des hommes, transformation de la nature. La plier, l’adapter.
Triage inutile, gares fermées, trains supprimés.
L’eau : la nature, source de vie, alliée d’espoir, indomptable.
Fer et eau, deux lignes de vie, deux lignes de fuite.
Jo
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Lors de nos visites, la sécurité des populations, et plus particulièrement des personnes âgées, a été notre préoccupation constante tout comme elle est celle du Consul et du Chapître. Que ces autorités soient ici remerciées pour leur soutien indéfectible.
Par son isolement géographique, le Haut-Allier est une fin du monde. Cette situation pourrait laissser espérer une protection passive efficace et peu onéreuse. Hélas, la route (étroite cependant) et le rail ont pénétré ce territoire : de la main d'oeuvre jeune s'est immédiatement infiltrée et a fait souche.
Malgré l'encaissement de la vallée et l'omniprésence de barres rocheuses, des informations non contrôlées atteignent les populations via les airs et les nouvelles technologies. Fait plus rare mais que nous avons pu repérer, des habitants de Prades communiquent directement avec le reste du monde. Ces délits rarement sanctionnés ont des effets particulièrement pervers sur les populations. Nous avons pu constater que de nombreux jeunes, attirés par des communiqués non gouvernementaux, se retrouvaient dans un camp fixe à Prades, l'UCPA. Nous avons appris par nos indicateurs que des canoës et des kayacs étaient mis à leur disposition pour fuir les forces de sécurité via l'Allier.
C'est ainsi que Langeac est à son tour touchée par la jeunesse. Les assauts sont généralement brefs, cette cité ayant su mettre en place une politique d'enlaidissement du centre ville et d'isolement du quartier de Valfleuri. Monsieur le Marquis nous a cependant signalé des mouvements frondeurs : celui des cafetiers qui prolongent indéfiniment leurs terrasses et leurs heures d'ouverture, celui des dentellières qui attirent dans leurs filets cette jeunesse déroutée, celui des cheminots qui lisent (sans doute, le plus redoutable).
Nous terminons ce rapport en proposant quelques mesures urgentes :
- le contrôle systématique et inopiné de tout individu de moins de 50 ans circulant sur le territoire
- l'arrêt immédiat de tout financement pour l'entretien des routes et de la voie ferrée
- la suppression de la gare de Langeac
- la canalisation de l'Allier et à terme, de tous ses affluents (Besque, Seuge,...)
- la mise à niveau du territoire par un comblement des vallées par le trop plein des montagnes
- si le budget le permet, la construction d'un mur, doublé d'un long fossé rempli d'eau où des saumons affamés se partageraient les carcasses des immigrants.
Aline
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Rapport de visite __________
- Vous me ferez un rapport sur la ville et ses environs !
Huit jours plus tard dans le bureau du boss.
- Excursion terminée chef !
- Asseyez-vous m’a t-il dit en me présentant une boîte de marrons glacés. Je vous écoute !
- Langeac, Monsieur ! Est une cité médiévale flanquée d’une mairie prétentieuse, mais c’est un lieu idéal pour implanter notre nouveau complexe industriel... Des volets clos, des portes verrouillées, des maisons délaissées, par dizaines. De quoi loger un nombre considérable d’ouvriers. Les façades sont en pierres de pays, une pierre de construction, volée, il y a longtemps à la colline Saint-Roch à deux pas de la ville. Un coup de crépi là-dessus et tout aura l’air parfaitement neuf.
L’église, il y fait aussi noir que dans le cul d’un âne mais le bâtiment vaut le détour. La nef est d’une largeur surprenante. J’ai repéré une mise au tombeau surprenante. Une œuvre d’art. Après expertise nous pourrons en retirer une somme rondelette. La vendre à quelques collectionneurs américains.
Faites-moi confiance !
Certes il y fait un froid glacial, mais une fois bien isolée et repeinte, la collégiale deviendra une salle de réunion parfaite. Il faudra bien sûr brûler toutes ces boiseries démodées et ces sièges ridicules qui encombrent l’édifice, mais l’endroit est prometteur.
Aujourd’hui le tourisme vert et les amoureux de sensations fortes, font régner leur loi, mais tout cela n’est l’affaire que de quelques semaines. Les berges seront vite bétonnées pour permettre l’accès des camions et des marchandises que nous ferons circuler par voies fluviales.
Que vous dire encore ?
Vous donner une impression des langeadois. Ce sont des hommes pacifiques. Certains noms résonnent encore de sonorités polonaises ou italiennes. Ce sont là les descendants des mineurs et des cheminots venus trimer dans la vallée au 19ème siècle. La majorité des gens d’ici est de souche paysanne. Une bonne race, rustaude et travailleuse. La dernière catégorie me semble plus suspecte. Des gens venus d’ailleurs. Des étrangers aux mœurs libres, à la morale douteuse. Il faudra les surveiller !
Ah ! J’allais oublier de vous parler d’un petit village que j’ai longuement visité, Prades. Je n’y ai pas croisé âme qui vive, mais le site est exceptionnel. Un rocher de basalte surplombe l’Allier. Il est massif et audacieux. C’est là que nous installerons votre statue monumentale.
Croyez-moi vous vous sentirez très bien dans ce petit pays et nos affaires seront prospères.
B.
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Errance dans la ville de Langeac
Langeac, hôtel Abel, mardi 29 janvier 2008 14H 45.
Collines, trouées de ciel bleu, l’air sent la fumée, froid des marches sous mes fesses.
Où sont les autres, ma famille, mon groupe, ma tribu !
Pas d’eau au magasin « Tinel », j’ai soif, j’ai froid, j’ai sommeil !
Rendez-vous : 15h office de tourisme.
15h, il n’y a personne !
Ah ! Les voilà, elles arrivent des ruelles à droite, à gauche, de partout !
« Et de partout les rats sortirent de leur trou… »
Charles pas là, je dois lui rendre le polaroïd !
Fait le plein de doc. à l’office de tourisme, Christiane achète l’express, je dessine l’office, le cadran solaire.
- On va vers les quais ?
- Ok !
Trouvé Charles et sa bande au café face à l’hôtel de ville.
Lafayette nous voilà !
Le grenier à sel…
Je dessine, Christiane photographie.
Un jeune homme arrive avec un enfant dans une poussette veut-il parler ? non, il a une sinusite, il est pressé, il nous dit tout de même qu’il travaille et vit à Langeac…MNS à la piscine… Pas assez de jeunes au Pays…
Rencontre avec la dame triste, elle habite Langeac faute de mieux… Si elle avait son permis et une voiture elle serait restée dans son village d’Alleyras. Elle va à l’ADMR pour voir « - ce qu’ils voudront bien lui donner !»
Sur le quai Voltaire, je parle à l’homme de Saugues.
« - l’eau de l’Allier vient de Langogne... Y’a point de saumons, ils n’aiment plus l’eau, y sont comme moi, y préfèrent le blanc cassis ! Autrefois, les anciens mangeaient du saumon tous les jours ! »
L’Allier, l’île d’Amour, rencontre avec Christelle, Cathy, Yvette et d’autres.
Passe à saumons, moulin du seigneur, le Béal, le pont japonais la pétanque… Deux chiens poilus dorment sur les blousons des joueurs…
Retour par l’avenue bordée de platanes, ancienne gendarmerie, trouvé protège gland de l’âne !
Liliane