Apothéose

Publié le par Terre de voyage

 

[...]

A chacun sa biennale. La mienne fut tout d'abord hésitante. Irai-je en train ou pas en train ? 7 heures en dépit de la beauté du paysage sont de nature à faire reculer de plus motivées que moi (sauf Françoise à qui je tire mon chapeau !). Voiture ?   Le souvenir des tempêtes de l'hiver dernier me glaçait d'avance. Et puis au fait je ne voyage guère et mes talents de croqueuse ou d'aquarelliste sont de nature à me clouer sur place. De plus où allais-je dormir ? Qui me tiendrait compagnie ?  J'allais donc renoncer.  Pourtant une petite voix me disait : 

 

-  enfin ce carnet tu y as participé, dans la douleur bien sûr, mais là, c'est la fin du voyage et en plus celà risque fort d'être le dernier. Alors ? Alors j'en étais là.

 

 Heureusement le collectif c'est formidable : Josiane, Claudine, Charles déployaient à distance  leurs arguments et des solutions pour que j'entreprenne l'expédition. Ils étaient adorables. Ils ont réussi à me donner l'impression que mon absence aurait gâché leurs retrouvailles. (Vous n'aurez pas été sans remarquer que la tendance est aux egos surdimensionnés, le mien ne faisait pas exception). Et puis  Il y avait aussi Geneviève retour du Mexique que je pouvais prendre au passage. Il suffisait de s'organiser et de prendre le temps. Vive la retraite !



 

J'ai démarré le mercredi après-midi par un soleil éclatant. Première étape Montpellier. J'y suis arrivée à la nuit tombée, embouteillages maximum, le plan de Josiane au kilomètre près était parfait, à part une fâcheuse  fontaine que j'ai vainement cherchée.  Elle m'a conduite jusque dans une ZUP Montpellieraine ! A l'aide du portable et après une errance qui était déjà un voyage j'arrivais enfin chez Josiane. Je ne suis plus seule dans le Sud du Massif Central c'est un réconfort merveilleux. Un accueil chaleureux, une délicieuse Garbure m'attendait. Une bonne nuit et le lendemain j'entreprenais la visite de la ville.

 

J'ai eu un coup de coeur pour Montpellier. Le temps d'automne était fantastique. J'ai déambulé dans les rues pleines de charme  de la vieille ville, acheté des boucles d'oreilles, admiré les boutiques de mode et de cadeaux, déjeuné sur une terrasse ensoleillée (n'oublions pas que nous sommes en novembre), enfin puisqu'il s'agit d'un voyage culturel le musée Fabre était au programme. Je suis allée directement à l'étage du XXème siècle, je voulais admirer les Soulages, je voulais retrouver l'émotion qui m'avait saisie à Conques. J'étais seule devant ces immenses toiles, j'ai eu beau convoquer tous mes sens il ne s'est rien passé. Ce sera pour une autre fois. Pourtant il y a au musée Fabre un extraordinaire Vieira Da Silva dans les blancs vertigineux faisant la nique aux noirs de Soulage, l'émotion était là où je ne l'attendais pas. Allez-y c'est un magnifique musée.

 

Un des neuf  mercis  de Char à Vieira Da Silva : La grille " Je ne suis pas seul parce que je suis abandonné. Je suis seul parce que je suis seul, amande entre les parois de sa closerie."

 

Après un tour à la magnifique librairie Sauramps, même pas fatiguée, je retrouvais Josiane. Nous avons terminé la soirée à la Brasserie du Théâtre au décor 1920 devant une choucroute de poisson.... La belle journée !  Marseille - Montpellier deux métropoles aux antipodes l'une de l'autre. Josiane et moi avons décidé d'en faire un carnet ! 

 

Le lendemain - le soleil  toujours là - j'attaquais le Massif. L'A 75 par beau temps c'est somptueux. On se croirait dans un film en cinémascope. J'arrivais vers midi sur l'aire de l'Aveyron un chocolat bien chaud pour attendre Geneviève. Ponctuelle à 12 h30 elle était là, tenant sa tête dans ses mains, souffrante d'une dent arrachée mais vaillante comme toujours. C'est elle qui a continué à tracer la route me contentant d'être le co-pilote. Nous avons salué Loubaresse et Ruynes en Margeride. Nous sommes bonnes pour le Paris-Dakar. A 15h30 nous étions au Corum Saint Jean, notre résidence. Rien à en dire sinon que j'ai rajeuni d'un coup de cinquante ans... pas mal non !

 

Enfin direction le Polydôme pour retrouver les autres et la  présentation officielle de notre carnet. Il fallait se saper. Nous étions sapées. La vedette revenant bien sûr à Claudine en mini jupe et à Christiane  qui a fait un discours du tonnerre  devant les huiles et notre stand qui était magnifique (le stand). Il y avait du monde : l'éditeur, André, Isabelle, Pierre,  Pascal toujours charmant, d'autres encore que nous avons rencontrés au hasard de tous nos stages. Nous avons ri, mangé, bu et tout à coup il n'est plus resté que nous les carnettistes et Charles. Tous les autres avaient disparu. On ne les a plus revus. Ca m'a fait drôle ! Merci Charles de nous avoir sans cesse accompagnées pendant ces deux jours et répondu avec gentillesse  à toutes nos demandes, ta présence toujours souriante et un peu nostalgique  faisait le lien et c'était bien.


    
 

Et notre carnet me direz-vous (pour celles et ceux qui n'étaient pas là) ? D'aucun l'ont trouvé trop vert... Je l'ai personnellement trouvé superbe le mot n'est pas trop fort, enfin un peu. Je sais qu'il s'en est vendu, j'ai guetté les clients à la librairie ! Si.

 

Après :  deux jours de vagabondages. Vendredi soir dîner au resto que vous connaissez, mieux vaut y manger la truffade plutôt qu'une soupe de poisson mais Geneviève étant condamnée aux soupes en a payé le prix. C'est fou comme un malheur n'arrive jamais seul.

 

Le lendemain nous retrouvions les retardataires de Montpellier. En piste pour des ateliers plus ou moins attractifs. En ce qui me concerne je m'obstine mais c'est chaque fois une épreuve. Heureusement, tout le monde s'étant précipité chez un carnettiste charmeur et talentueux Jean-Michel Charpentier, lassée de mes échecs en arts graphiques,  je me suis réfugiée avec Geneviève dans un atelier d'écriture où enfin je me suis sentie un peu plus gratifiée.

 

Dans les stands Il y avait un monde fou. Sagement je me suis dit que suivre Aline ne serait pas un mauvais plan.   Nous avons découvert un immense carnet émouvant fabriqué par des migrants avec l'aide d'un jeune homme engagé qui fait de l'alphabétisation et nous a expliqué combien il était important pour eux d'être exposés. Nous avons assisté à une lecture de "Cargo mélancolie" d'Alexandre Bergamini étrange jeune homme un peu énigmatique pour qui le voyage est l'occasion de partir à la découverte de soi. Marché sur les chemins de Stévenson, humé les odeurs de l'Afrique, vibré aux couleurs de l'Espagne revenant de temps en temps à notre port d'attache sur les bords de l'Allier où ont défilé un nombre de visiteurs honorable.



Samedi soir une partie de crêpes géantes aux marrons, aux poivrons, aux pommes arrosées de Calva, à l'andouille, où le rire l'a disputé aux larmes, nos ardeurs batailleuses des jours anciens enfin éteintes. Nous avions atteint le but.

 

Nous avons continué le lendemain commmençant à espérer des retrouvailles, posant des jalons pour un stage avec Yvette au printemps... Je ne désespère pas de faire des progrès. Faisant nos achats : des coups de coeur pour Eban, pour un carnet sur Tchernobyl. Je me suis personnellement offert le carnet que je m'étais refusé l'année dernière "Ce que j'aime en toi"  et aussi "Vietnam Song" un voyage sur les traces de Marguerite Duras par deux jeunes soeurs Gaétane et Emeline Belliot talentueuses qui ont obtenu le prix de l'écriture. J'ai flashé sans trop savoir pour "Retourner l'infâme" de Bergamini sur Marseille la nuit, carré blanc plus plus...

 

Dans l'après-midi nous avons commencé à nous quitter, puis plus que quelques unes nous avons avec tristesse démonté notre stand. [...]
 



Evidemment mon compte rendu est un peu long et je sais que le temps pour vous est rare, ne m'en veuillez pas, à vous écrire j'ai fixé ces jours, parenthèses ludiques. J'ai écrit pour nous, pour celles qui n'étaient pas avec nous, pour Kat aussi qui espérait avoir des échos. [...]

 

Rachel



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Quelques instantanés sans paroles !


A tout seigneur, tout honneur  : notre stand...

   <-- vue générale


Vues détaillées -->      

          |
          v
        
 

encore plus détaillées :

   

      

                        



L'atelier de J.-M. Charpentier :

J.-M. Charpentier  

        un public attentif     

 


                la technique de la carte


Quelques réalisations

    

    

    

    


Et enfin, le pot officiel, en présence des autorités...

                          
  





                                                                                                                       
                                                                                                                    


     



Claudine, Catherine


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